C'est comme si

Bonjour, j’espère que vous passez une belle journée.

Je m’appelle Daniel Viragh et je suis auteur-compositeur, ainsi qu’interprète canadien. Je vous souhaite la bienvenue aux ondes de la Poésie du mal — poésie visant à nous rassembler en une communauté littéraire, ainsi que spirituelle autour des valeurs communes de l’introspection, de l’amitié et du respect des cultures.

Je vous invite à nous rendre visite par l’entremise de notre site web, poesiedumal.com, ou vous pourrez d’ailleurs aussi nous envoyer un ou des messages, avec vos suggestions et vos commentaires.

Aujourd’hui on parlera de ce qui se passe quand on imagine, que les choses auraient pu se passer différemment.

Les deux poèmes qui suivent sont tirés de mon livre «Comment faire éternuer un rhinocéros», qui sortira prochainement aux Éditions franco-colombiennes.

On commence avec «C’est comme si».

C'est comme si

C'est comme si tu n'étais jamais partie — 
comme si, le jour où on s'est dit 
que l'on s'aimait, le temps s’était arrêté à mi-chemin, et 
s’était dit que les compromis, 
c'était pour ailleurs, et nulle part. 

C'est comme si tu ne m'avais jamais
claqué la porte ; comme si notre besoin
d'être séparés par des kilomètres
et des décennies s’était brisé
contre notre envie d'anéantir

ce même fardeau, et de détruire
cette même distance, qui venait
foudroyer notre intimité, telle
qu'elle était. 

Comme tu as changé : devenue
plus jeune, même plus vive, 
plus douce dans ta rébellion contre
ce monde omniprésent qui
détruisait ton élégance et qui

bouleversait ton charme. Comme ton 
antipathie envers ces mollusques 
nébuleux qui t'empoisonnaient
est devenue un cri de guerre contre
ceux qui volent les idées et 
l'amour des autres. 

Moi aussi, je suis différent : 
toujours aussi con, 
toujours aussi laid, je me retrouve
avec cinq ans de plus en ce qui 
concerne mes bêtises et mes
petites cruautés personnelles
et journalières. 

Et puis — j'ai appris comment
semer l'incertitude et le 
stress parmi ceux à qui il m’est permis de le faire — 
et cet acte de vengeance me
fait du bien. 

Or — n'est-ce pas la rébellion — 
pacifique, docile — qui nous unit ? 
N'est-ce pas le désir de tordre (mais,
de le faire en aidant) ; de résoudre
(tout en rompant, en détruisant ?)

Notre second poème s’intitule «T’es-tu parfois», et on y retrouve les questions que l’on se pose quand on pense aux choses qui auraient pu se passer.

T'es-tu parfois?

T'es-tu parfois permis(e)
de t'agripper au vent
de te basculer les pieds en l'air
de t'étirer le long du volcan ?

T'es-tu jamais demandé
d'où vient ton désir
de choquer, de vibrer,
d'éduquer, ceux que
ton regard attire ?

T'es-tu déjà fait passer,
pour un être humain d'autrefois ?
Pour un métèque, pour un esclave, 
pour un hors-la-loi ?

Penses-tu pouvoir réunir — avec tes
forces et tes faiblesses — ce qu'il
y a de plus facile, de plus laid, 
et te sauver, en cas de 
détresse ?

Moi aussi — je l'avoue — ne peux pas
répondre à ces contraintes ; à ces
fantasmes ; à ces allégories ;
à travers lesquels toute la Terre
est rendue sainte. 

Ce que je peux faire, par contre, 
c'est te dire — que toutes ces routes
et ces chemins aboutissent au même endroit :
quelque part où tout le monde
jouit des mêmes droits ;
là où, en fin de compte,
ce qui est le nôtre
devient finalement le tien. 

***

Merci bien d’avoir écouté cet épisode du podcast «Poésie du mal». On se retrouve la prochaine fois et entre-temps, je vous invite à lire, écrire et partager vos propres poèmes. Au revoir.

C'est comme si
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